Qui suis-je?

La première phrase qu’un ordinateur prononce en se connectant à un réseau, c’est : « Who am I ? »
Une question simple, presque naïve, mais vertigineuse.

Savoir qui l’on est, c’est l’histoire d’une vie.
Nous changeons sans cesse : nous apprenons, nous abandonnons, nous recommençons.
Et souvent, ce sont les autres qui nous renvoient notre image, à travers leurs mots, leurs attentes, leurs définitions

Le miroir des autres

Pendant ma carrière de video-jockey, j’ai été présentée comme “une femme dans le milieu de la musique électronique”.
C’était vrai, bien sûr – nous étions peu nombreuses sur ces scènes.
Mais je ne m’étais jamais sentie appartenir à une communauté précise : j’étais simplement là pour créer.

J’ai pourtant fini par rejoindre female:pressure, le réseau initié par la DJ Electric Indigo, et à construire pour elles leur site web.
Un espace numérique d’interconnexion avant l’heure.
C’est là que j’ai commencé à comprendre : explorer le monde et s’identifier, c’est aussi chercher le sens de nos actions.

Les multiples “moi”

Aujourd’hui, comme beaucoup d’entre vous, j’ai plusieurs visages.
Je suis auteure, créatrice de chaînes, consultante pour projets atypiques, et encore d’autres choses selon le jour ou le regard posé sur moi.

Mais est-ce moi qui ai défini cela ?
Pas vraiment.
Ce sont les autres : leurs perceptions, leurs échos, les mots qu’ils utilisent pour me décrire.
Et à travers eux, se dessine une sorte de cartographie de mon identité professionnelle, un réseau de sens partagé.

Ce qui fait sens

L’auteur Frank Martela, dans À la recherche du sens perdu, explique que donner un sens à sa vie consiste d’abord à trouver ce qui fait sens pour soi, avant de le partager avec les autres.
C’est dans cette circulation – entre l’intérieur et le monde- que se crée une forme de vérité.

Saint Augustin disait : « Aime et fais ce que tu veux. »
Peut-être que cela veut dire : trouve ce qui t’anime, puis laisse cette lumière tracer son propre chemin.

Aujourd’hui

Sur Internet, nous sommes tous confrontés à la même question que les machines :

Qui suis-je, ici ?

Et à mesure que les algorithmes personnalisent tout – les contenus, les recommandations, même les conversations – il devient urgent de garder un espace où la réponse reste humaine.

742 est ce lieu pour moi.
Un espace pour explorer, documenter, et parfois comprendre ce que je deviens.
Et peut-être, en chemin, ré-enchanter un peu ce monde numérique qui nous reflète tant.